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Droits de l'Homme: La torture persiste en Afrique du Nord et ailleurs, rapporte Amnesty International

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La Convention des Nations-Unis contre la torture est née il y a 30 ans. "30 ans de fausses promesses", dénonce aujourd'hui l'ONG Amnesty International dans un rapport global.

La loi internationale ne devrait laisser "aucune marge de manoeuvre" aux 155 pays adhérents, rappelle l'ONG. Amnesty, qui précise qu'aucune statistique "solide" n'est disponible, a pourtant des rapports de torture commis par des agents officiels dans 141 pays différents au cours des quatre dernières années.

"Les tortionnaires sont amnistiés ou pardonnés, et la volonté politique de changement n'existe pas".


Pour l'Afrique du Nord, les constats varient mais restent accablants

Si Amnesty rappelle que les tribunaux mauritaniens approuvent les "aveux" obtenus sous la torture et que l'Algérie a offert l'immunité aux forces de sécurité actives lors du conflit des années 90 (comme aux autres acteurs), des pays ayant vu un changement de régime récent sont également critiqués.

"Dans les pays où des dirigeants de longue date ont chuté, la lenteur du changement frustre", affirme le rapport.

Tout en saluant "un certain progrès" vers l'interdiction de la torture dans la législation, Amnesty regrette que la loi peine à être appliquée.

La nouvelle Constitution tunisienne "interdit toute forme de torture morale et physique" et rend le crime de torture "imprescriptible". Le 8 mai 2014, le président Marzouki a présenté "les excuses de l'Etat tunisien" aux familles des victimes de torture des 50 dernières années.

LIRE: Marzouki présente les "excuses de l'Etat" aux victimes de torture


Mais la présidente de l'Organisation contre la torture Radhia Nasraoui affirmait le même jour avoir reçu 300 plaintes au cours des dernières années.

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En Libye, Amnesty International a identifié 23 morts à la suite de tortures depuis la fin du conflit en 2011.

"Dans de nombreux pays, la torture de l'Etat était une des motivations pour les gens de sortir dans la rue et demander le changement, mais la pratique continue", dénonce Philip Luther, directeur du programme MENA à Amnesty.

"Même là où le gouvernement a fait un pas dans la bonne direction, comme au Maroc et au Sahara occidental, la torture persiste".

Au Maroc, il aurait subi des électrochocs aux testicules

Instaurée en 2003, l'Instance équité et réconciliation s'est penchée sur la responsabilité de l'Etat dans les violations des droits de l'Homme et à proposé des compensations aux survivants.

Mais l'Instance ne considère que la période de 1956 à 1999, excluant de fait le règne du Roi Mohamed VI, et le gouvernement prône aujourd'hui une "justice de réconciliation", ce qui, selon Amnesty, se traduit par "impunité".

L'ONG fustige également la faible portée d'une Instance incapable de rendre justice aux victimes.

A l'instar de la Tunisie, la Constitution marocaine de 2011 interdit la torture (article 22).

Mais Amnesty affirme avoir identifié de nombreuses victimes - étudiants de gauche ou islamistes, soutiens au Sahara occidental, manifestants contre l'inégalité, accusés de terroristes.

Selon l'ONG, toutes sortes de techniques de torture, parmi lesquelles le viol avec une bouteille ou encore les coups sur les plantes pied, ont été répertoriées au Maroc.

Fin 2012, 18 personnes ont été arrêtées dans un quartier de Marrakech pour avoir protesté contre l'augmentation du prix de l'eau et de l'électricité.

Ils affirment avoir été battus et empêchés de dormir pour forcer leurs aveux. Les tribunaux n'ont pas autorisé certains de leurs employeurs à témoigner en leur faveur.

El Houcine Bah, 17 ans, a été arrêté lors d'une manifestation séparatiste au Sahara occidental, en 2013. Il rapporte à Amnesty que les agents lui auraient notamment collé une éponge pleine d'urine sur le visage.

Finalement, Amnesty se penche sur le cas d'Ali Aarrass. Propriétaire d'un café, il a été retenu 12 jours près de Rabat. Il rapporte avoir reçu des chocs électriques aux testicules et avoir été suspendu par les pieds.

Si la persistance du phénomène peut choquer, elle est souvent implicitement justifiée à travers le prisme sécuritaire.

Dans une étude portant sur 21 pays, Amnesty a ainsi découvert que plus d'un tiers des interrogés défendait l'utilisation de la torture pour obtenir des informations susceptibles de protéger la population.

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